Sénova, arme de rénovation massive des bâtiments
D’ici 2050, la France doit rénover 15 millions de logements, soit 500 000 par an. Un travail de Romain, qui n’effraie pas Sénova : ce jeune bureau d’études veut massifier la rénovation globale des bâtiments en réduisant les coûts d’ingénierie.
En France, le programme de transition écologique prévoit de rénover 15 millions de logements d’ici 2050. Ces logements, dont la plupart ont été construits après la guerre, arrivent en bout de cycle, leur entretien est coûteux, leur fonctionnement n’est pas efficace et ils sont de vraies passoires énergétiques.
L’État a donc fixé à 500 000 par an le nombre de logements collectifs ou individuels à rénover. Pour cela, chaque année, il faut notamment convaincre 3 300 copropriétés de plus de 20 logements de lancer des travaux de modernisation.
Un chiffre colossal qui implique une massification de la rénovation des bâtiments. Le bureau d’études Sénova, fondé en 2009 par Dimitri Molle et Pierre-Manuel Patry, deux ingénieurs centraliens, en a fait le cœur de sa mission.
En tant que maître d’œuvre, Sénova rencontre donc l’une après l’autre les assemblées générales de copropriété pour les convaincre de l’intérêt de mener une rénovation globale de leur immeuble. « L’idée consiste à lever tous les verrous qui les freinent dans cette démarche », explique Dimitri Molle.
Comment lever les verrous
Pour y parvenir, Sénova va au-delà d’une simple rénovation. Il propose un véritable projet d’amélioration du cadre de vie des copropriétés et de réhabilitation de la qualité environnementale de leur patrimoine, en insistant sur les opportunités : matériaux biosourcés, végétalisation, garage à vélo, récupération de l’eau de pluie, serre pour produire des légumes, réduction des déperditions énergétiques…
Pour acheter un tel projet, une copropriété a besoin de plusieurs éléments : comprendre ce qu’elle va y gagner, comment ça va améliorer son cadre de vie, combien ça va lui coûter et comment elle va pouvoir financer. « Elle a surtout besoin d’un interlocuteur qui l’aide à lever les réticences des copropriétaires avec pédagogie. Autant de facteurs qui nécessitent beaucoup de temps, de patience et de travail ! »
Mais les copropriétés sont toutes différentes. Comment industrialiser leur rénovation ? « C’est vrai que la rénovation dépend de l’état du bâti, des qualités architecturales, de la situation géographique, reconnaît Dimitri Molle. Il n’y a pas de recette applicable à toutes les copropriétés, mais les méthodes et les savoir-faire, eux, sont les mêmes. Nous sommes en train de structurer les données de nos études, d’industrialiser nos outils et d’optimiser nos processus à tous les niveaux, pour être en mesure de vendre la rénovation sans passer par des coûts d’études d’ingénierie rédhibitoires. »
Vers la gratuité des études d’ingénierie ?
Car c’est bien l’obstacle le plus dissuasif pour la plupart des copropriétaires : le coût très élevé des études d’ingénierie, qui peut monter jusqu’à 50 000 € pour une grande copropriété. « Actuellement, il faut encore faire beaucoup de démarches, établir des cahiers des charges, consulter des entreprises. D’ici 2030, il n’y en aura plus besoin. » À terme, Sénova espère même être en mesure d’offrir ces études.
Aujourd’hui, Sénova, devenue entreprise à mission, emploie 25 collaborateurs. Après une décennie de croissance à 30 % par an, l’entreprise prévoit une croissance annuelle de 50 % dans les dix prochaines années. « Nous avons constitué une base de données d’acteurs du bâtiment, syndics, conseils syndicaux, bailleurs sociaux, entrepreneurs… Cette base nous permet de monter en compétence et d’être reconnus comme un acteur de référence sur la rénovation globale du parc privé de logements. »
Pour en savoir plus sur Sénova
Internet : www.senova.fr
Twitter : @senova_fr
Pascal de Rauglaudre