La tomate, matière première d’avenir
Avec la tomate, on peut produire des couleurs, des médicaments, et même des vêtements. Le Tomato Lab®, incubateur de projets innovants autour de la tomate, veut en explorer tous les usages possibles.
Cosmétique, santé, industrie, et même textile : la tomate peut servir à bien autre chose qu’à agrémenter les salades !
C’était la conviction de Louis-Albert de Broglie, lorsqu’il a fondé en 1998 le Conservatoire national de la Tomate, sur le Domaine de La Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire, près de Tours. Son intention : « faire connaître et entretenir la richesse variétale du vivant », mais aussi promouvoir le patrimoine agricole des régions françaises.
Derrière son haut mur de pierres sèches, le grand potager du Conservatoire cultive plus de 700 variétés de tomates, aux multiples propriétés organoleptiques. « Ce trésor inestimable doit profiter au plus grand nombre », estime Louis-Albert de Broglie.
Certaines variétés sont déjà bien connues des marchés français : Cornue des Andes, Cœur de bœuf, Noire de Crimée, Zebra Green, Ananas… Mais il y en a bien d’autres, aux noms plus poétiques les uns que les autres : Dix doigts de Naples, Rouge d’Irak, Erika d’Australie, Marizol purple, Micado violetto, Magellan burgess… Et de toutes les couleurs : jaunes, rouges, violettes, noires, zébrées…
Éviter le gaspillage de tomates
Le 7 septembre dernier, une étape de plus a été franchie avec le lancement du Tomato Lab®, en partenariat avec l’Association d’Organisations de Producteurs nationale (AOPn) Tomates et concombres de France, qui rassemble plus de mille producteurs et produit 65 % des tomates françaises.
« Chaque année des tonnes de tomates sont jetées à cause d’un petit défaut. Le Tomato Lab veut éviter ce gaspillage en trouvant d’autres usages à la tomate, explique Louis-Albert de Broglie. Notre idée, c’est de mieux comprendre les propriétés de chaque variété pour les valoriser. »
Concrètement, le Tomato Lab est un accélérateur de projets autour de la tomate. Cet incubateur d’un genre nouveau fera le lien entre les producteurs de tomates de l’AOPn et les porteurs de projets innovants dans des domaines aussi variés que l’industrie, la santé, la cosmétique ou l’alimentation.
Il s’appuiera sur la richesse du patrimoine génétique de la tomate accumulée par le Conservatoire, pour développer des produits et services innovants issus de la tomate et de ses composants (tiges, feuilles, graines, etc.).
Zéodratation
Grâce aux cultures du Conservatoire, les participants au Tomato Lab® pourront identifier les variétés de tomates les plus adaptées à leurs projets. « Le Tomato Lab travaillera avec des écoles d’agronomie et des universités, dont celle de Tours, pour révéler tout le potentiel génétique des différentes variétés de tomates », complète Laurent Bergé, président de l’AOPn.
L’AOPn mettra ensuite à disposition de ses producteurs les variétés de tomates les plus intéressantes pour offrir de nouveaux débouchés aux startups.
Le Tomato Lab® est déjà partenaire de plusieurs projets. Parmi l’un des plus prometteurs : la « zéodratation », de l’entreprise Alban Muller. Cette technique de séchage des fruits à base de zéolithe, une argile naturelle qui peut absorber l’humidité indéfiniment avec peu d’énergie, permet de réduire le fruit en une poudre fine tout en conservant son goût et ses propriétés. Cette poudre peut ensuite servir à des utilisations médicales, agroalimentaires ou cosmétiques.
Autres initiatives à suivre : utiliser les poudres de tomates comme teintures naturelles dans les industries de la couleur, encres, enduits, cosmétiques (Cœur de couleur), qui a suscité l’intérêt de Bic ; extraire des fibres textiles à partir des tiges de plants de tomate ; brasser de la bière de tomate ; et pourquoi pas un spa à la tomate ?
Pascal de Rauglaudre