Convention Lucie 2018 : l’effondrement expliqué aux entrepreneurs
« Demain la rupture : avec ou sans vous ? » C’était la thématique choisie par le Label Lucie pour sa convention annuelle, le 6 septembre. Le but : anticiper la résilience des entreprises face aux bouleversements à venir.
La rentrée, c’est aussi celle des entrepreneurs. Jeudi 6 septembre, la communauté des entrepreneurs du Label Lucie, le label de référence de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), s’est réunie pour sa convention annuelle.
Sur le campus de l’INSEEC U, à Paris 15e, 250 personnes ont débattu des enjeux de la RSE autour d’une thématique originale : la rupture. Autrement dit : l’effondrement, mais « on craignait que ce mot ne rebute les membres du réseau », reconnaissait Bruno Pireyn, directeur des opérations du Label Lucie.
« Label Lucie vise à entretenir la flamme de la RSE dans les entreprises », rappelait Bruno Pireyn dans son message d’accueil. Il a annoncé le lancement d’une nouvelle offre de services, dont un label Lucie 1000, et Lucie-Faire, une base de données contenant plus de 1 000 bonnes pratiques de RSE.
Créée en 2007, la communauté Lucie regroupe aujourd’hui 350 organisations, dont 140 labellisés. Ses experts s’appuient sur la norme internationale ISO 26000 pour évaluer la démarche RSE de ses entreprises membres. Déjà présent aux côtés des Entrepreneurs d’avenir en 2009, Label Lucie sera partenaire du Parlement de 2019.
Dépasser le déni
Encore taboue, la thématique de l’effondrement, qui fait déjà l’objet d’une littérature abondante, a pris une acuité renouvelée avec la démission de Nicolas Hulot de son poste de Ministre de l’Écologie.
En organisant une conférence sur ce thème, les organisateurs de la convention avaient pour intention de dépasser le déni, la colère et l’impuissance. Selon eux, les entrepreneurs ont intérêt à s’emparer dès aujourd’hui de ce sujet, pour le dédramatiser et organiser la résilience de leur entreprise : « Une démarche de RSE solide implique d’avoir confiance en l’avenir et de regarder sur le long terme. »
Les enjeux de la rupture ont donc été examinés au cours d’une conférence animée par trois spécialistes de la question.
Extinction des espèces, changement climatique, montée des océans, épuisement des ressources : ces défis ont été décortiqués par Gauthier Chapelle, collapsologue. « Si on est convaincu qu’il faut changer le monde, il faut commencer par l’agriculture », poursuivait Maxime de Rostolan, fondateur des Fermes d’avenir. Enfin, Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon.co, insistait sur la nécessité de réduire l’impact écologique des nouvelles technologies, par le recyclage et la réutilisation des matériels.
Un déjeuner post-effondrement
L’après-midi, les participants ont pu évacuer les inquiétudes que leur inspirait la perspective de l’effondrement, mais aussi esquisser les solutions possibles, dans deux ateliers d’intelligence collective supervisés par Gauthier Chapelle.
En parallèle, d’autres ateliers animés par des membres de la communauté Lucie étaient consacrés à la construction du monde de demain, à l’avenir du travail, à l’économie de la fonctionnalité et au partage des bonnes pratiques à l’intérieur de la communauté. Sans oublier des plages de temps dédiées au networking et aux rencontres.
« Revenons à l’essentiel, il faut manger, il faut s’aimer ! », concluait Maxime de Rostolan pour dissiper les sombres conclusions de la conférence. En avant-goût des repas du monde à venir, la communauté s’est donc retrouvée autour d’un déjeuner végétarien à base de produits bio produits localement.
Et sans café, car dans un monde aux ressources moins abondantes, il n’y en aura plus. Autant s’y habituer dès maintenant !
LUCIE
Twitter : @Label_LUCIE
Bibliographie
L’entraide, l’autre loi de la jungle de Gauthier Chapelle et Pablo Servigne, Les liens qui libèrent, 2017, 224 pages, 22 €.
On a 20 ans pour changer le monde de Maxime de Rostolan, Larousse, 2018, 64 pages, 4 €.
La guerre des métaux rares de Guillaume Pitron, Les liens qui libèrent, 2018, 296 pages, 20 €.
L’âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable de Philippe Bihouix, Seuil, collection Anthropocène, 2014, 326 pages, 20 €.
Pascal de Rauglaudre