Comment Bio Poder a converti le Léon au bio
Depuis 1990, Bio Poder commercialise les légumes bio du Finistère Nord. Une success story bretonne qui rayonne dans plusieurs pays d’Europe.
Lundi 22 Janvier 2018
Quand il a lancé Bio Poder en 1990 pour commercialiser des légumes bio, à l’âge de 22 ans, Jean-Luc Poder ne se doutait pas qu’il arriverait si loin. Vingt-sept ans plus tard, les résultats sont là : en 2017, ses 25 salariés permanents ont vendu 7000 tonnes de légumes, pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.
Situé à Mespaul, commune du Finistère Nord dont il est devenu l’un des moteurs économiques, Bio Poder travaille avec les producteurs locaux dans un rayon de 30 km. « Tous les jours nos quatre poids lourds font la collecte des légumes, explique Jean-Luc Poder. Dans notre entrepôt, avant de préparer les commandes de nos clients, nous faisons l’agréage, c’est-à-dire le contrôle de la qualité et la conformité réglementaire des produits, pour assurer la traçabilité des produits. »
Aujourd’hui, Bio Poder compte 35 % de clients dans la grande distribution. Le reste se répartit entre Biocoop, quelques grossistes, des chaînes de magasins spécialisés comme Natureo ou SoBio, et l’export, en Allemagne, en Belgique et au Royaume-Uni. Sans oublier un peu de restauration collective à la cuisine centrale de Brest.
Plus strict que les normes européennes
Le choix de légumes est très varié : choux, pommes de terre, carottes, oignons, céleris, pommes, et en été, tomates, courgettes, poivrons. Pour compléter son offre, Bio Poder importe des agrumes d’Italie. En tout 150 légumes et fruits différents, « en prise direct avec la saisonnalité légumière de notre territoire ».
Pour engager les producteurs dans une démarche qualité, Jean-Luc Poder a élaboré un cahier des charges strict, plus exigeant que les normes européennes. L’entreprise transmet ses commandes aux producteurs pour qu’ils planifient les mises en culture. « Grâce à ma bonne connaissance du marché agro-alimentaire, j’ai pu mesurer tout le potentiel des produits bio. C’est ce qui explique la bonne santé de Bio Poder aujourd’hui. »
Aujourd’hui, l’agriculture bio ne présente plus de risques financiers pour les producteurs, insiste Jean-Luc Poder. Il faut certes maîtriser l’enherbement et les plantes adventices, et savoir guérir les maladies sans la « panoplie phytosanitaire ». Mais l’appui technique est plus solide qu’il y a 25 ans, les chambres d’agriculture et les interprofessions départementales ont recruté des techniciens pointus pour accompagner les producteurs. Quant aux prix des légumes, ils sont aussi plus faciles à vérifier grâce à Internet.
Le bio de père en fils
Depuis 2-3 ans, Jean-Luc Poder observe une tendance encourageante : « Les enfants des producteurs avec lesquels j’ai démarré s’installent pour reprendre la ferme de leurs parents. C’est un marqueur très fort de la confiance des enfants dans le modèle économique de leurs parents. Ça n’a pas toujours été le cas : les fils de mes collègues de l’agriculture conventionnelle cherchaient par tous les moyens à se réorienter ! »
Malgré la baisse des aides publiques annoncées par le gouvernement en 2017, Jean-Luc Poder reste donc optimiste sur l’avenir de l’agriculture bio, et considère qu’elle peut se développer de façon autonome.
« Le prix actuel des fruits et légumes rémunère correctement les producteurs, il leur permet d’être financièrement à l’équilibre. Bien sûr, les coups de pouce de l’État favorisent le développement de l’agriculture bio, mais on peut faire sans maintenant. Le plus délicat concerne la phase de conversion en bio : c’est là que les producteurs ont besoin d’une aide qui peut s’avérer cruciale. »
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Texte Pascal de Rauglaudre