« Être entrepreneur, c’est vivre sur des montagnes russes »
Pour Julien Radic, l’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille. Ce serial entrepreneur a connu son lot d’épreuves, mais s’en est toujours sorti grâce à la résilience.
Julien Radic est un serial entrepreneur et sportif de haut niveau. Depuis ses débuts dans l’entrepreneuriat en 2011, il a multiplié les projets, avec son lot d’épreuves. Aujourd’hui, il dirige Illico Fresco, un service de livraison de paniers repas frais, en même temps qu’il est directeur des activités e-commerce de Webedia. Cette vie d’entrepreneur lui a appris la résilience, qu’il partage dans cette interview.
Entrepreneurs d’avenir – Quand avez-vous entendu parler de la résilience pour la première fois ?
Julien Radic – Je devais avoir une trentaine d’années. Au moment de mon évaluation annuelle, ma manager avait utilisé ce mot. Ça m’avait interloqué. Au début, j’ai eu du mal à comprendre ce qu’il y avait derrière ce concept. Puis j’ai compris que la vie professionnelle offrait d’autres chances, en termes de valorisation personnelle.
Comment vous êtes-vous lancé dans l’entrepreneuriat ?
En observant des entrepreneurs connus, comme Pierre Kosciusko-Morizet, qui m’a accompagné et soutenu dès le début de mes aventures entrepreneuriales. En 2011, j’ai quitté l’entreprise où je travaillais, Reckitt Benckiser, pour créer ma propre société avec Maxime Lemarchand. C’était Surprizemi, une startup qui éditait La Bonne Box, une box gastronomique haut de gamme. Le produit était très beau, mais à l’époque, l’abonnement n’était pas un modèle économique suffisamment rentable.
À quel moment pensez-vous avoir fait preuve de résilience ?
Dès la première année ! Les chiffres étaient exécrables. On avait brûlé beaucoup de cash et fait de mauvais choix stratégiques et marketing. Assez rapidement, on est rentré dans le dur, passant d’une phase d’enthousiasme à une autre en montagnes russes : se sentir à la fois sur le toit du monde et à la cave, ça résume bien la vie des entrepreneurs !
Quelles épreuves avez-vous traversées ?
Quand j’ai dû me séparer de mon premier salarié, 18 mois après avoir créé la boîte. J’ai dû emprunter de l’argent à mes amis et à ma famille après 24 mois. On n’arrivait plus à financer la boîte. Pendant quasiment deux ans, on est resté tous les deux au RSA, la boîte n’était pas suffisamment performante pour nous payer. On s’en est sorti avec beaucoup de volonté, d’enthousiasme et de détermination. Et puis aussi en 2014 : j’ai commencé à avoir très mal au dos. Quand on dirige une entreprise, on ne peut pas s’arrêter pendant des mois pour se faire opérer. J’ai fini par vendre ma boîte et j’ai été opéré en décembre 2016. Maintenant je suis en pleine forme ! La douleur rend moins disponible aux autres mais elle démultiplie la motivation et la rage de s’en sortir.
Quelles leçons retenez-vous de vos épreuves passées ?
Quand on entreprend, le mental est capital. On ne vit que pour son entreprise et ça isole des autres. C’est pour cela que les parents, la famille, les amis jouent un rôle essentiel en soutenant l’entrepreneur.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent entreprendre ?
Ce qui compte, c’est l’envie, la capacité à encaisser les coups durs et la qualité de l’équipe. Quelle que soit l’idée, l’équipe la fera évoluer tous les jours. Il ne faut pas non plus se laisser impressionner par les esprits négatifs. Dès lors qu’on a la volonté de réussir son projet, il faut être capable d’analyser les difficultés, de les affronter, de les décortiquer pour mieux les dépasser et continuer à avancer. Ça fait partie du jeu.
Illico Fresco, livraison de paniers de produits frais
Texte Pascal de Rauglaudre