Nous pouvons en finir avec le chômage longue durée
C’est officiel : les premiers emplois du Territoire Zéro Chômeur ont été créés dans 10 territoires expérimentaux. Une solution qui pourrait s’avérer efficace pour traiter ce fléau qui mine la société française.
La preuve avec le dispositif Territoire Zéro Chômeur, inspiré d’une solution imaginée en 2011 par l’association de lutte contre la pauvreté ATD Quart Monde. Celle-ci a calculé qu’un chômeur de longue durée coûtait à la collectivité 17 500 € par an, entre allocations, formation, CMU et manque à gagner fiscal. Sans parler des dégâts sur les individus, en termes de perte de confiance en soi et de désocialisation.
Pourquoi ne pas utiliser cet argent pour créer des emplois plutôt qu’indemniser des chômeurs avec des prestations sociales ? Les besoins que le secteur privé ne peut pas combler sont immenses, notamment dans l’économie sociale et solidaire, l’agriculture, et les services. L’idée méritait d’être testée, même si son application reste compliquée.
Une loi votée à l’unanimité
Territoire Zéro Chômeur a donc fait l’objet d’une loi portée par le député PS Laurent Grandguillaume, et votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 2016. Il vise les demandeurs d’emploi travaillant moins de 78 heures par mois et inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi. Il est soutenu par l’État, les collectivités locales, Pôle Emploi et plusieurs associations, dont ATD Quart-monde, le Secours catholique, Emmaüs, la FNARS, le Pacte civique.
Quant au financement, il est assuré par l’État pour un montant de 15 millions d’euros par an, jusqu’en 2021, versés au Fonds d’expérimentation territoriale, une association dirigée par Louis Gallois, qui chapeaute le dispositif. Ce montant permet de prendre en charge 17 des 20 000 euros annuels que coûte un CDI à une entreprise.
Petit à petit, le Territoire Zéro Chômeur se met en place dans dix territoires de France : Mauléon (Deux-Sèvres) ; Colombelles (Calvados), Colombey (Meurthe-et-Moselle), Jouques (Bouches-du-Rhône), Pibriac (Ile-et-Vilaine), Thiers (Puy-de-Dôme), la Métropole de Lille, la communauté de communes Nièvre et Forêt, le quartier Saint-Jean de Villeurbanne (Rhône), et le 13e arrondissement de Paris. Au total 800 personnes sont concernées par cette phase expérimentale.
Répondre aux besoins des territoires
Les emplois créés dans cette première étape dépendent des territoires. À Jouques, dans les Bouches-du-Rhône, une commune de 4300 habitants avec un taux de chômage de 20 %, l’Entreprise à but d’emploi (Ebe) Elan Jouques a recruté en avril dernier ses 15 premiers chômeurs en CDI. Un projet porté par la Mairie de Jouques, et qui a bénéficié d’une aide financière de 30 000 € d’AG2R La Mondiale.
« Les premiers emplois ont été créés dans le secteur du tourisme et dans une ressourcerie, explique Isabelle Loss, conseillère municipale, consultante en mobilité et soutien du projet dans la commune. Plus tard, on pourra aussi en créer dans l’entretien du patrimoine forestier : Jouques est la commune la plus boisée de France, et il y a beaucoup à faire dans le débroussaillement. »
Ailleurs, les créations d’emploi profitent au maraîchage, à l’artisanat et à la chaufferie du bois, dans les territoires ruraux, ou à l’économie du partage dans les villes.
Portée par l’association Territoires zéro chômeur de longue durée présidée par Laurent Grandguillaume, l’expérimentation s’étendra sur 5 ans. Un bilan sera ensuite dressé avant d’envisager sa généralisation.
zerochomeurdelongueduree.org
Texte Pascal de Rauglaudre