Yoyo accélère le recyclage du plastique
Avec Yoyo, Eric Brac de La Perrière veut simplifier le recyclage des bouteilles en plastique, et y associer les consommateurs en le rendant plus attractif. Décryptage.
Répondez franchement : êtes-vous sûr de bien trier vos déchets ? Et surtout de jeter vos déchets de plastique dans la bonne poubelle ? La question se pose car en France, le recyclage du plastique reste insuffisant. Une des raisons tient aux ratés de la collecte, qui ne permet pas d’atteindre un volume suffisant.
Eric Brac de la Perrière, ancien directeur général d’Eco-Emballages, vient de fonder Yoyo, pour y remédier. L’idée est simple : sortir les bouteilles en plastique transparent des ordures ménagères, là où le tri atteint ses plus mauvais résultats. Pour cela il a tenté deux expérimentations, l’une dans le quartier de La Duchère, à Lyon, l’autre dans l’hyper centre piétonnier de Bordeaux.
Pour assurer le succès de son initiative, Eric Brac de la Perrière s’appuie sur un réseau de « coaches », ex-ambassadeurs de tri. Ces coaches peuvent être des commerçants, des gardiens d’immeuble, des centres sociaux, des clubs de sport, etc. Ils distribuent des grands sacs orange numérotés et dédiés à la collecte, et les récupèrent quand ils sont remplis de bouteilles en plastique (chaque sac en contient une cinquantaine).
Redonner de la valeur au déchet
Les consommateurs volontaires sont crédités de points en fonction du volume de bouteilles collectées, points qui sont transformés en bons de réduction et en offres promotionnelles pour des spectacles, des manifestations sportives, des cinémas. « Ce système garantit une traçabilité totale, et il redonne de la valeur au déchet et de montrer qu’il vaut encore quelque chose après utilisation. »
Le fruit de la collecte est ensuite récupéré par les partenaires de Yoyo, La Poste et Veolia, qui ont conclu des partenariats nationaux avec Yoyo. Avantage : il n’y a pas d’erreur de tri. Les bouteilles sont donc mises directement en balle, puis envoyées au recyclage. Et Yoyo propose des conventions aux collectivités qui ont tout intérêt à les signer pour alléger leurs tonnages de déchets collectés. « Yoyo permet donc de réduire le nombre d’étapes entre le consommateur et le recyclage, ce qui accélère la collecte qui ne progresse que de 1 % par an », commente Eric Brac de la Perrière.
Le monde du tri et de la collecte est déjà très encombré. N’y a-t-il pas un risque de confusion en ajoutant une structure supplémentaire ? « Je ne crois pas. Yoyo est une solution complémentaire qui participe de l’écologie positive, elle doit se développer dans des lieux où la collecte est insuffisante, se défend-il. Aujourd’hui, le système de recyclage est à la peine. Yoyo fait partie du chemin vers un meilleur recyclage. »
Objectif : doubler le taux de recyclage
Yoyo vise les 40 000 trieurs, dans 5 à 10 villes de France, qui collecteraient 5 millions de bouteilles en plastique transparent d’ici la fin de l’année 2017. Un tel chiffre, s’il est atteint, signifierait le doublement du taux actuel de recyclage du PET (polyéthylène téréphtalate), la matière dont sont faites les bouteilles.
Si Yoyo remporte son pari, Eric Brac de la Perrière se verrait bien étendre le principe aux pays émergents. Et aussi à d’autres types de produits : les canettes en aluminium, les petits matériels électroniques, etc. « Des solutions de recyclage qui coûtent des dizaines de millions d’euros, il y en a plein. Mais l’écologie efficace doit se faire en masse, et le moins cher possible. »
yoyofrance.com
Texte Pascal de Rauglaudre