Pour un air purifié made in France
L’air intérieur est 5 fois plus pollué qu’à l’extérieur, et c’est devenu un enjeu majeur de santé publique. Trois startups françaises se sont attaquées avec succès à cette pollution.
Les pics de pollution de l’air deviennent un enjeu majeur de santé publique, et leur coût est très élevé : la mauvaise qualité de l’air serait responsable de 48 000 décès chaque année, et coûterait à la société 101 milliards d’euros par an, selon un rapport de la commission d’enquête du Sénat publié en 2015.
Or, on a tendance à l’oublier, l’air intérieur en France est environ cinq fois plus pollué que l’air extérieur, selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). En décembre 2016, la ministre du Logement a d’ailleurs annoncé le lancement d’une nouvelle campagne nationale sur la qualité de l’air intérieur dans les logements.
La pollution de l’air intérieur est provoquée par deux sources principales. D’une part, l’air extérieur : chargé en particules fines, il pénètre dans les bâtiments, en fonction de leur perméabilité. D’autre part, les sources domestiques : vapeurs de cuisine, combustion de bougies et encens, utilisation de produits d’entretien, colles des meubles, présence d’animaux, etc.
La France, nouveau marché de la purification de l’air
Les startups françaises n’ont pas attendu la mobilisation des pouvoirs publics pour proposer leurs solutions innovantes. Après avoir conquis les consommateurs chinois, avides de purificateurs d’air, elles voient la France comme un nouveau marché à explorer. Deux d’entre elles, Teqoya et Aytow, ont amélioré des technologies existantes, la photocatalyse et l’ionisation de l’air, tandis qu’Air Serenity a développé une technologie à base de plasma.
Teqoya (Pierre Guitton) se base sur le principe déjà connu de l’ionisation de l’air. Le purificateur transforme en ions négatifs une partie de l’oxygène de l’air. Attirés par les particules présentes dans l’air, ceux-ci vont se coller à elle et les surcharger pour qu’elles tombent sur le sol ou les meubles. Pour s’en débarrasser, il suffit de les balayer. Longtemps l’ionisation de l’air n’était pas recommandée car elle produisait de l’ozone : « Nous avons résolu ce problème en réduisant la production d’ozone à un taux trente fois inférieur au seuil réglementaire », affirme Pierre Guitton, pdg de Teqoya. Une technique breveté et certifiée CE.
Ionisation de l’air, photocatalyse ou plasma ?
Aykow, fondée en 2011, s’était d’abord attaquée au radon, un gaz radioactif cancérigène, présent dans tous les logements. Cherchant des solutions pour lutter contre les autres polluants, elle a opté pour l’amélioration de la photocatalyse : des semi-conducteurs, activés par la lumière, purifient l’air par oxydo-réduction. Cette solution s’est longtemps heurtée à plusieurs obstacles : les semi-conducteurs existaient sous forme de poudres, qui risquaient de s’échapper avec les mouvements d’air ; d’autre part, ils ne s’activaient qu’avec des rayons ultra-violet.
Aykow les a résolus en dopant les semi-conducteurs pour qu’ils s’activent avec de la lumière visible, et en passant à une couche fine de semi-conducteurs collés une plaque de verre. « L’oxydoréduction supprime la dangerosité chimique des polluants en les calcinant, explique Grégory Jean, pdg d’Aykow. Les polluants neutralisés retombent sur le sol et se mélangent aux autres poussières.»
Enfin, Air Serenity a breveté une technologie qui retient les molécules cibles grâce à un plasma froid. Les pollutions sont piégées et stabilisées sur une sorte d’éponge, dont les capacités d’absorption sont dopées par le plasma. Le plasma permet aussi de détruire la pollution chimique ainsi que les virus et les bactéries présents dans l’air. « Cette solution est plus efficace, et plus durable aussi car on observe un fonctionnement pendant une année sans perte d’efficacité », selon Joseph Youssef, son pdg. Quant à la consommation d’électricité, elle reste très faible, de l’ordre de 5 Watts.
Pour en savoir plus
Air Serenity
Aykow
Teqoya
Texte Pascal de Rauglaudre