« Partager le pouvoir réclame une forme de maturité »

Après une longue carrière en entreprise, Virginie Calmels est devenue en 2014 première adjointe au maire de Bordeaux et vice-présidente de Bordeaux Métropole. Une double compétence rare en politique, qui lui a permis de se forger un point de vue privilégié sur le rôle du leader aujourd’hui, point de vue qu’elle a longuement partagé au Parlement des Entrepreneurs d’avenir.


Entrepreneurs d’avenir – Pourquoi avez-vous accepté de soutenir le Parlement des Entrepreneurs d’avenir ?

Virginie Calmels – J’ai été personnellement invitée par Jacques Huybrechts, que je connais bien depuis la Cité de la réussite, mais ce n’est pas la seule raison, bien sûr. Je trouve que le débat sur la place et le rôle de l’entrepreneur dans une société en pleine mutation est passionnant. Rassembler des talents d’entrepreneurs dans un lieu unique pour qu’ils partagent leur vision du monde est fortement créateur de valeur, et c’est cette démarche que Bordeaux Métropole a voulu soutenir.

Vous avez participé à une table ronde « Partager le pouvoir pour pouvoir changer ». Est-il nécessaire de partager le pouvoir pour changer les choses ?

La notion du pouvoir concentré dans une seule personne a montré sa limite. Ce qu’on apprend en entreprise, c’est que tout seul, on ne fait pas grand-chose. Il faut entraîner un groupe, fédérer des talents, motiver des équipes, et cette forme de partage du pouvoir est un gage de réussite. En étant dans une démarche horizontale, en privilégiant le collectif, vous avez plus de chances d’emporter l’adhésion du plus grand nombre et d’obtenir de meilleurs résultats. Ceci dit, partager le pouvoir réclame une forme de maturité, et on le comprend d’autant mieux quand on l’a exercé.


Le partage du pouvoir n’est-il pas cause d’inefficacité ?

C’est possible dans la mesure où trop longtemps, certains leaders ont préféré s’entourer de collaborateurs médiocres qui ne contesteraient pas leur pouvoir. Aujourd’hui, cette attitude est complètement dépassée, au contraire : plus il y a de leaders, plus il y a de compétences, plus il peut y avoir d’ambitions, au sens noble du terme, meilleur sera le résultat final. À condition d’avoir un vrai leadership au moment de la décision, pour que les talents et les ambitions ne s’annulent pas.

Depuis que vous êtes entrée en politique, ressentez-vous une demande de partage de pouvoir de la part de vos concitoyens ?


J’observe une vraie volonté de participation. Je suis pour la démocratie participative, pour que les gens s’impliquent davantage dans les choix politiques, et l’ère du numérique permet une consultation citoyenne beaucoup plus régulière. La frustration, c’est qu’on entend toujours ceux qui ne sont pas contents : à chaque fois que vous devez prendre une décision, sur un aéroport, une ligne de TGV, des logements de réfugiés, etc., vous vous heurtez à des oppositions. Or il ne faut pas prendre des décisions en veillant à ne pas mécontenter des minorités, ce n’est pas ça, la démocratie participative.

En tant que vice-présidente de Bordeaux Métropole, vous êtes en charge de l’attractivité économique. Quelle est votre stratégie pour attirer les entreprises dans l’agglomération bordelaise ?

Il y a d’abord tout le travail de rénovation de la ville mené depuis 20 ans par Alain Juppé et son équipe qui joue un rôle essentiel. Aujourd’hui, avec l’établissement public d’aménagement Bordeaux Atlantique, nous voulons transformer l’attractivité résidentielle en attractivité économique et créer les conditions pour attirer dans la métropole plus de 100 000 emplois à l’horizon 2030. Pour cela, nous allons améliorer les connexions grâce à la nouvelle LGV et à l’aéroport, avoir de bonnes universités et un centre hospitalier de pointe, mettre en place une politique de pépinières et d’incubateurs, aménager 2 500 000 m2 de bureaux autour de la gare Saint-Jean… C’est un gros chantier de marketing territorial que je porte depuis 18 mois, pour qu’on parle de Bordeaux d’une seule voix.

Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre

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