L’Assurance Maladie au plus près des entreprises
Les entrepreneurs ne le savent pas assez, mais la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la Sécurité sociale a de nombreuses prestations à leur offrir, rappelle Marine Jeantet, sa directrice.
En France, à chaque heure qui s’écoule, 600 accidents du travail sont enregistrés par l’Assurance Maladie – Risques professionnels, la branche de la Sécurité sociale dédié à la santé au travail, et chaque année, 1500 personnes meurent des suites d’un accident du travail. Marine Jeantet, directrice de cette branche de la CPAM, qui interviendra au Parlement des Entrepreneurs d’avenir à Bordeaux le 8 décembre 2016, revient sur une mission peu connue des entreprises : la prévention des risques et l’accompagnement des entreprises.
Entrepreneurs d’avenir – Pourquoi participez-vous au Parlement des Entrepreneurs d’avenir ?
Marine Jeantet – C’est un moyen de plus d’atteindre notre cible, à savoir les entreprises, et en particulier les PME et TPE, qui constituent la majeure partie des entreprises en France. Celles-ci ne connaissent pas assez la gamme de services que nous mettons à leur disposition en matière de prévention. Bien qu’historiquement, les organisations syndicales et patronales participent à la gestion de l’Assurance maladie, nous manquons de relais solidement implantés dans un certain nombre de branches et de secteurs d’activité. Nous diversifions donc nos partenariats pour mieux nous faire connaître.
Pour les entrepreneurs, l’Assurance maladie est plutôt synonyme de charges.
Comment faites-vous pour qu’ils vous perçoivent vraiment comme un partenaire ?
Certes, l’Assurance maladie est noyée dans la partie cotisations obligatoires. Nos compétences sont proches de celles de l’inspection du travail, et ça fait un peu peur : les entrepreneurs tremblent quand ils voient débarquer l’inspecteur. Mais il vient pour prévenir, aider et conseiller, plus que pour sanctionner, sauf en cas de manquements graves à la sécurité. Une grande partie des PME ne connaissent pas cet aspect de notre métier, alors que notre offre est très intéressante pour elles. Nous nous efforçons donc de changer cette image, et c’est une raison de notre présence au Parlement.
Quels types de liens nouez-vous avec les entreprises ?
Nous avons plusieurs sortes d’outils d’évaluation des risques, parfaitement adaptés aux secteurs d’activité. Nous ciblons en particulier les PME, car, contrairement aux grands groupes, il est plus compliqué pour elles de s’investir. L’un de ces outils évalue en quelques questions la maturité de l’entreprise en matière de prévention, et il propose un éventail d’actions et de formations labellisées par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), reconnu en matière de recherche et de formation en matière de prévention, qui fait partie de notre branche. Certains des programmes prioritaires visent en particulier les Troubles musculosquelettiques (TMS), qui représentent 87 % des maladies professionnelles actuelles !
Vous proposez aussi des aides financières.
Oui, nous aidons financièrement les entreprises à investir dans des actions de prévention et nous faisons du cofinancement. Ces aides sont simplifiées, pour ne pas compliquer les tâches des chefs d’entreprise. Notre offre compte actuellement une douzaine d’aides financières, aide dans le domaine des TMS, aux pressings, achat d’échafaudages pour des TPE, bacs de lavage ergonomiques pour les coiffeurs, etc. Bref, elles sont très variées, très concrètes et construites en collaboration avec les professions.
Comment communiquez-vous pour valoriser votre rôle auprès des entreprises ?
Nous disposons de tous les canaux de diffusion habituels de l’Assurance Maladie, dont un site Internet qui contient un volet réservé aux employeurs. Nous allons sortir une newsletter nationale, pour faire valoir nos actions. Nous participons à des salons de prévention. Avec l’INRS, nous élaborons des outils de prévention, des guides téléchargeables, des affiches et d’autres matériels de sensibilisation très pratiques pour les entreprises. Enfin, les caisses organisent des « matinées employeurs », qui ont beaucoup de succès, pour aller au contact des ressources humaines et des chefs d’entreprise sur le terrain. Nous en avons organisé plus de 110 rendez-vous dans 16 régions en 2015.
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre