« Bpifrance vit dans la temporalité de l’entrepreneur »
Banque privée à capitaux publics, Bpifrance prône l’audace pour financer les entrepreneurs français, explique Nicolas Dufourcq, son directeur général.
Jeudi 17 Novembre 2016
Depuis fin 2012, Bpifrance rassemble toutes les structures publiques de soutien au financement des entreprises. Nicolas Dufourcq, son directeur général, décrypte ce qui fait la spécificité de cette banque privée à capitaux publics, et il esquisse un bilan de son action au service des entrepreneurs français.
Nicolas Dufourcq – Parce que c’est l’eau dans laquelle nous nageons toute la journée ! Bpifrance est fondamentalement une banque de l’intimité dans la relation client. Notre métier, c’est de permettre aux entrepreneurs de financer des projets toujours plus ambitieux. C’est dire que nous sommes littéralement la banque des Entrepreneurs d’avenir !
Entrepreneurs d’avenir – Pourquoi Bpifrance est-il partenaire du Parlement des Entrepreneurs d’avenir ?
Nicolas Dufourcq – Parce que c’est l’eau dans laquelle nous nageons toute la journée ! Bpifrance est fondamentalement une banque de l’intimité dans la relation client. Notre métier, c’est de permettre aux entrepreneurs de financer des projets toujours plus ambitieux. C’est dire que nous sommes littéralement la banque des Entrepreneurs d’avenir !
Qu’est-ce qui différencie Bpifrance d’une banque privée classique ?
Bpifrance a pour rôle de bousculer le marché. Comme nous avons la chance de ne pas avoir à publier nos résultats tous les trimestres, nous sommes plus libres et nous avons la capacité de prendre plus de risques dans la durée, nous accompagnons les entrepreneurs y compris en période de crise. Et puis l’organisation légère et agile de Bpifrance lui permet de travailler très vite, avec des délais de réponse extrêmement courts, pour vivre dans la temporalité de l’entrepreneur. Nous faisons plus de 2 milliards d’euros de prêts sans garantie par an, les dossiers tiennent sur trois pages, et la décision est prise en dix jours ouvrables.Les entreprises vous sollicitent ou bien vous les repérez ?
Les deux ! Bpifrance est une banque foraine, constamment sur la route pour démarcher les entrepreneurs, ce qui lui donne une très bonne connaissance du tissu économique. Peu de choses nous échappent vraiment : nous avons très largement couvert les entreprises qui sont dans notre cible.Comment Bpifrance encourage l’innovation ?
D’abord en la finançant. Nous mettons 1,5 milliard d’euros en plus du capital risque pour financer l’innovation. Mais au-delà de l’aspect financier, nous accompagnons les entrepreneurs qui nous sollicitent : nous les écoutons, nous dialoguons avec eux, nous leur proposons des missions de conseil, jusqu’à 2000 cette année. Nous encourageons aussi certains d’entre eux à rejoindre nos accélérateurs, qui sont des sortes de centres sportifs de haut niveau pour les entrepreneurs à haut potentiel.Avez-vous des exemples d’entreprises que vous êtes fier d’avoir soutenues ?
Je peux vous citer Mecaplast, un des leaders européens de l’équipement automobile, qui vient notamment de réaliser une acquisition aux Etats-Unis ; le groupe Gascogne, que Bpifrance a contribué à sauver de la faillite ; DBV, star mondiale des patchs anti-allergiques ; Netatmo, un leader européen des objets connectés, et bien d’autres encore. Si ces entreprises figurent dans le peloton de tête de leur secteur, c’est parce que le rôle de Bpifrance a été substantiel.Quels sont les résultats de Bpifrance en Nouvelle-Aquitaine ?
Nous avons aidé plus de 8200 entreprises dans la région en 2015, à hauteur de 1,2 milliard d’euros, qui ont eux-mêmes débloqué près de 2,6 milliards d’euros de financement publics et privés. Nous avons soutenu près de 400 projets innovants, à hauteur de 84 millions d’euros. Nous sommes présents au capital de 42 entreprises, pour un montant de 96 millions d’euros.Quel regard portez-vous sur la réindustrialisation de la France ?
Je suis optimiste comme tous ceux qui savent que pour réussir il faut se mobiliser. Quand on se souvient du génie de ce pays, on s’en sort. Décréter que la France est désindustrialisée, c’est faux : le tissu industriel français est encore très dense. Mais il faut donner aux industriels les moyens financiers de leur réussite, les inciter à se regrouper pour travailler en meute, les pousser à innover et exporter. Tous les outils sont là !Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre