Ce qu’il faut retenir de la COP21
Après deux semaines d’intenses négociations, les négociateurs sont parvenus à un projet d’accord qui contient plusieurs avancées significatives. Retour sur un texte qui pourrait bien inverser la donne climatique.
Après deux semaines de négociations intenses et difficiles, la COP21 s’est terminée, mi-décembre, sur l’adoption d’un texte partiellement juridiquement contraignant, qui ouvre une nouvelle ère dans la lutte contre les dérèglements climatiques.
« Quelle que soit la teneur de l’accord, c’est un tournant, une concrétisation des forces vives autour de cette bataille climatique. Jamais une Conférence des Parties (COP) n’avait été accompagnée d’une telle mobilisation des acteurs non étatiques, par un tel foisonnement d’initiatives », affirmait Matthieu Orphelin, le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Bref rappel des grands axes du texte adopté.
Quels sont les objectifs poursuivis ?
Les 195 pays qui ont participé à la COP21 se sont mis d’accord sur trois objectifs principaux :
• Maintenir l’augmentation des températures en dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et faire le maximum pour empêcher les températures d’augmenter de plus de 1,5°C ;
• Travailler à l’adaptation au changement climatique par un développement « bas carbone » ;
• Adopter des modes de financement permettant de réaliser ce développement.
À long terme, il s’agit ni plus ni moins que de parvenir à la « neutralité climatique », c’est-à-dire ne pas produire plus de CO2 que la Terre n’est capable d’en absorber.
Comment ces objectifs seront-ils atteints ?
L’accord de la COP21 est bâti sur les contributions volontaires des États. Il ne contient aucun objectif chiffré, mais il indique ce que chaque État doit mettre en œuvre pour y parvenir. Deux catégories d’États sont distingués : les pays développés, qui doivent enclencher le plus tôt possible une baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ; les pays en développement qui disposent de plus de temps. Ceci dit, chaque pays doit appliquer une « contribution nationale », révisable tous les 5 ans à partir de 2025.
Comment financer la transition et la lutte contre le changement climatique ?
Pour les pays en développement, c’était une question fondamentale de la COP21. L’accord de Paris prévoit une aide financière des pays développés pour amorcer la transition. Alors qu’un brouillon de l’accord mentionnait un montant de 100 milliards de dollars, il a finalement été retiré du texte final, mais conservé en annexe. La distinction entre pays développés et en développement est une avancée majeure de l’accord : la COP21 reconnaît la responsabilité plus importante des premiers dans le dérèglement climatique, pour la plus grande satisfaction de la Chine, entre autres.
S’agit-il d’un texte juridiquement contraignant ?
L’accord, qui n’entrera en vigueur que lorsqu’il sera validé par au moins 55 pays, représentant au moins 55% des émissions de GES, sera bien contraignant sur le plan du droit international, sauf qu’aucun mécanisme de sanction n’est prévu en cas de non respect du texte.
La COP21 aura-t-elle des suites ?
Elle sera suivie dès l’année prochaine par la COP22, à Marrakech, qui servira à élucider de nombreuses questions, dont celles des mécanismes de contrôle, des énergies fossiles ou encore des contributions nationales, qui en l’état actuel des choses, ne permettent pas d’atteindre les objectifs de 2°C. Les COP suivantes devront donc réviser rapidement les contributions nationales.
Pascal de Rauglaudre