Le pourcent qui veut sauver la planète
Comment associer davantage les entreprises à la résolution des défis environnementaux : c’est la mission de l’ONG "1 % for the planet", fondée par Yvon Chouinard, et aujourd’hui dirigée par Kate Williams et Isabelle Susini pour la France.
1 % for the planet est une ONG lancée en 2002 par Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, et présente aujourd’hui dans 48 pays. Kate Williams, sa directrice générale pour le monde entier, et Isabelle Susini, la directrice du réseau France, étaient à Paris pour assister à la COP21 mais aussi au Parlement des Entrepreneurs d’avenir.
Entrepreneurs d’avenir – En quoi consiste le projet 1 % for the planet ?
Kate Williams et Isabelle Susini – C’est une organisation à but non lucratif qui veut créer des liens entre des entreprises et des ONG dédiées à la protection de l’environnement. L’idée de départ, c’est de rassembler des entreprises pour que leurs activités fassent une vraie différence pour la planète. Nous sollicitons les entreprises pour qu’elles versent 1 % de leur chiffre d’affaires aux ONG, nous certifions que leurs dons vont bien à ces ONG. Nous vérifions les activités de ces ONG, et nous nous assurons que les dons effectués restent en phase avec les objectifs des entreprises.
Quelles entreprises le soutiennent ?
Elles appartiennent à des secteurs très variés, textile, agro-alimentaire, avocats, consultants, etc. Parmi les 1100 entreprises américaines qui nous soutiennent, il y a une marque du groupe Coca-Cola, Honest Tea, qui produit du thé naturel en bouteilles, un grand brasseur, New Belgium Brewing et aussi la vodka Finlandia. En France, 1 % pour la planète réunit environ 85 entreprises, dont Caudalie, Léa Nature, Maisons du Monde, Vrai, et une multitude de PME et TPE. Toutes ces entreprises démontrent qu’investir dans l’environnement, c’est aussi bon pour leur business.
Et combien d’ONG bénéficient du soutien de 1% for the planet ?
Aujourd’hui, nous réunissons plus de 4000 ONG, dont 500 en France (Kokopelli, FNE, FRAPNA, LPO, Générations futures, Zero Waste), qui reçoivent donc 1 % du chiffre d’affaires des entreprises, ce qui est un montant énorme. Au total, notre réseau d’entreprises a versé plus de 130 millions de dollars à ces ONG. Mais nous sommes plus attentifs aux réalisations de ces ONG qu’à leur nombre.
Pour quelle raison êtes-vous venue à la COP21 à Paris ?
Avec les nombreuses autres organisations qui sont à Paris, nous avons participé à tous les événements liés aux négociations, pour exercer une pression sur les négociateurs. Nous avons aussi organisé un événement 1 % for the planet, pour témoigner des engagements de nos entreprises partenaires, échanger avec les ONG que nous soutenons, et expliquer aux entreprises que créer des partenariats avec des ONG représente une façon originale et efficace de résoudre les défis environnementaux. Et nous avons aussi assisté au Parlement des Entrepreneurs d’avenir parce que plusieurs de nos membres y interviennent et pour découvrir d’autres actions en faveur de l’environnement. Nous croyons qu’être à Paris fait une différence en termes de sensibilisation du public et de pression sur les leaders politiques pour faire aboutir les négociations.
La COP21 peut-elle accroître votre audience auprès des entreprises ?
Oui. Grâce à la COP21, la question du climat acquiert une place particulière dans les médias, et du coup, les entreprises l’ajoutent à leurs préoccupations, même si certaines sont tentées de récupérer le sujet à leur profit. Ça va peut-être nous aider à nous développer l’année prochaine et les suivantes.
Êtes-vous optimistes sur la capacité de l’humanité à inverser la tendance du changement climatique ?
Oui, nous devons l’être, sinon, nous ne serions pas engagées dans ce projet ! Quand nous discutons avec les entreprises et avec les ONG, que de nouveaux produits et de nouveaux processus sont conçus pour résoudre les problèmes, quand nous rencontrons des gens qui montrent de l’empathie, tout cela crée de l’optimisme. Mais nous sommes inquiètes sur les inégalités, qui atteignent des sommets aujourd’hui : c’est un autre défi considérable à relever.
1% for the planet
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre