Le gobelet réutilisable, nouvelle star des festivals

On les voit partout dans les concerts et les matchs : les verres en plastique recyclable d’Ecocup connaissent un succès colossal. La PME du Roussillon a même fourni la Coupe du monde de rugby cette année.





Ecocup, c’est la belle aventure de Flavien Casellas, Emmanuel Torrent et Brice Buscato, trois amis rugbymen originaires de Céret, une petite ville du Roussillon. Amateurs de concerts, de matches et de fêtes en tous genres, ils ont voulu mettre un coup d’arrêt au gaspillage provoqué par les verres jetables en plastique qui jonchent les pelouses quand le concert est fini. Ils ont donc importé une solution espagnole écologique et économique : le gobelet en plastique réutilisable.

En 2006, le trio a fondé Ecocup, une association qui deviendra SARL en 2008 pour prendre en compte l’ensemble du circuit, de la fabrication des gobelets au recyclage. Le principe : louer ou vendre des gobelets réutilisables. « La location est la plus compliquée et la moins rentable, elle nécessite beaucoup de logistique, car il faut organiser le lavage des verres », précise Emmanuel Torrent. En effet, Ecocup, qui reste propriétaire des verres, « réutilisables plusieurs centaines de fois », les désinfecte à 80° et les sèche à 100°. « Et les verres peuvent servir de supports de communication, et être décorés avec des dessins, des photos, des logos, etc. »

C’est dans les festivals, les Eurockéennes à Belfort ou Solidays à Paris, qu’Ecocup a remporté ses premiers contrats. Pour obtenir un gobelet, les spectateurs déposent une caution d’un euro qu’ils récupèrent à la fin de la manifestation en rapportant son verre au point de distribution. « Aujourd’hui, chaque année, entre avril et septembre, nous couvrons plus de 2000 événements festifs, musicaux, sportifs », s’enthousiasme Emmanuel Torrent. Et pas n’importe quels événements : 24 Heures du Mans, Roland Garros, fêtes de Bayonne, Francofolies à la Rochelles, Vieilles Charrues à Carhaix, Printemps de Bourges, Tomorrowland en Belgique, etc. Ecocup a même réussi à gagner la confiance des organisateurs de la Coupe du monde de rugby en Angleterre à l’automne 2015.

De nouveaux marchés à conquérir

La dimension environnementale n’est qu’un aspect du projet Ecocup. L’entreprise est devenue entreprise d’insertion en 2010, elle emploie des personnes exclues du monde du travail dans ses laveries. Elle utilise aussi les services de centres d’aide par le travail qui ont nettoyé plus de 25 millions de gobelets depuis les débuts d’Ecocup. L’entreprise a ouvert des unités de lavage en Ille-et-Vilaine et en Haute-Savoie, et créé des antennes mobiles.

Au total, en nettoyant environ 7 millions de gobelets chaque année, Ecocup réalise un chiffre d’affaire de plus de 7 millions d’euros en 2014, et emploie 45 personnes, dont huit en insertion. Sur le plan environnemental, elle a permis d’économiser 450 tonnes de déchets de plastique en 2014.

Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là, et Ecocup vise de nouveaux marchés. Déjà présente en Suisse, en Belgique, en Espagne et au Québec, elle vise d’autres pays européens où le concept du gobelet réutilisable reste inconnu. Elle veut ensuite s’étendre à d’autres activités, dans les gares, les aéroports, la restauration rapide, les parcs d’attraction. « Nous devrons cependant changer de business model, car on ne peut pas demander une caution d’un euro pour un café, explique Emmanuel Torrent. Si les déchets étaient davantage taxés, comme en Allemagne, et si l’État prenait des mesures pour les éradiquer, notre développement serait plus facile. »

ECOCUP

Texte Pascal de Rauglaudre

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