Alma, success story d’une scop dans l’informatique

Alma, c’est une incroyable success story de l’informatique grenobloise, avec une différence de taille par rapport à ses concurrents : son organisation. En effet, elle fonctionne sous la forme d’une coopérative. Laurence Ruffin, sa Pdg, explique l’originalité de ce modèle, plutôt rare dans ce secteur.


Alma, c’est une incroyable success story de l’informatique grenobloise, avec une différence de taille par rapport à ses concurrents : son organisation. En effet, elle fonctionne sous la forme d’une coopérative. Laurence Ruffin, sa Pdg, explique l’originalité de ce modèle, plutôt rare dans ce secteur.

À première vue, Alma est une entreprise d’informatique pareille à beaucoup d’autres. Fondée il y a 35 ans, elle édite des logiciels industriels de fabrication assistée par ordinateur (FAO), pour la tôlerie, la découpe et la robotique, un marché sur lequel elle est aujourd’hui leader en France. Parmi ses autres activités, l’intégration de solutions collaboratives, le déploiement d’infrastructures informatiques, et l’édition/intégration de solutions dans le domaine de la santé. Mais ce qui fait sa différence, c’est son organisation en coopérative (Scop), qui permet d’associer autonomie des salariés à l’innovation et à l’expansion nationale et internationale. Le résultat est là : 8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 (10 millions avec les filiales), 80 salariés associés, et un résultat de 1,2 million d’euros, des filiales de distribution en Allemagne, en Italie, aux USA, en Chine et au Brésil. Laurence Ruffin, jeune Pdg d’Alma depuis 2009, qui interviendra au prochain Parlement des Entrepreneurs d’avenir, explique en quoi le modèle de Scop lui semble tout à fait adapté à ce secteur d’activité.

Comment les collaborateurs d’Alma sont-ils associés aux processus de décisions ?

La base, c’est la circulation de l’information. Les projets sont discutés très en amont avec les collaborateurs, les Almatiens, qui sont directement associés au projet de l’entreprise, c’est important pour permettre leur implication. Ils émettent des points de vue qui enrichissent la construction de nos décisions. Ce n’est pas le vote qui est déterminant mais la discussion : il est rare que les collaborateurs votent contre les décisions qui sont correctement élaborées. Pour conserver de l’efficacité, seules les grandes décisions sont votées, par exemple dans le cas de rachats de sociétés ou de rapprochements avec des partenaires. Nous recourons beaucoup à la pédagogie pour que l’information soit bien comprise et nous pratiquons aussi la transparence par exemple sur les salaires.

Comment répartissez-vous le résultat ?

Le travail des Almatiens est valorisé, tout en veillant à construire une entreprise pérenne, avec des objectifs de moyen long terme. 50 % du résultat est redistribué à tous les salariés, 10 % sous forme de dividendes, et 40 % sont laissés en réserve pour consolider l’entreprise, et développer des projets qui font sens. Car la Scop doit être une entreprise avec de bons produits et des clients satisfaits.


La Scop n’est pas un modèle fréquent dans le domaine de l’informatique.

Non, ce statut est connu mais peu adopté dans ce domaine, et c’est pourquoi nous bénéficions d’une notoriété attrayante, plus qu’il y a dix ans, quand je suis entrée dans le monde des Scop. À l’époque, je ne le connaissais pas, et j’ai été séduite par cette organisation, où le projet d’entreprise prime sur le projet financier. Aujourd’hui, cela peut être un argument différenciant, mis en avant dans les négociations commerciales.

Quels sont ses avantages ?

Nous n’avons pas beaucoup de turnover, les clients travaillent avec des interlocuteurs d’Alma dans la durée, ils s’adressent à une entreprise solide, avec une certaine éthique dans la façon de fonctionner. Ce modèle me semble très adapté pour l’innovation, car beaucoup de chercheurs aimeraient valoriser leurs recherches sans que le fruit tombe entre les mains de financiers.

Comment résistez-vous aux pressions pour délocaliser vos activités ?

Nous sommes très sollicités par des entreprises implantées en Inde, au Maroc… Leurs prix défient toute concurrence en termes de développement. Aujourd’hui on considère trop facilement qu’il est normal qu’une entreprise française se délocalise pour être compétitive. Nous ne le faisons pas parce que les collaborateurs d’Alma ne vont pas se licencier eux-mêmes. Et nous pensons que ce n’est pas nécessaire d’autant que nous sommes bénéficiaires. Mais pour résister, il faut continuer à être innovant et performant, y compris dans l’organisation : nous avons créé par exemple des mini-entreprises au sein de l’entreprise, des Scopettes, avec des petites équipes dédiées à une activité, un métier, et nous avons mis en place les Alma cafés pour débattre de thèmes sur la vie de l’entreprise.

ALMA

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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