Carole Couvert, nouvelle présidente de la CFE-CGE, prône un syndicalisme de proposition

Dans cette période particulièrement agitée sur le plan social, qui semble échapper aux syndicats, les pistes proposées par la CFE-CGC prennent d’autant plus de relief.

Révolte des bonnets rouges, manifestations contre l’éco-taxe ou la fin annoncée de certaines niches fiscales, ras-le-bol fiscal, pouvoir d’achat en berne émaillent l’actualité de ces dernières semaines… L’automne social est agité, et les syndicats semblent quelque peu dépassés par leur base.

Carole Couvert, élue en avril dernier présidente de la Confédération française de l’encadrement CFE-CGC qui promeut « un syndicalisme de proposition et d’écoute, et non de contestation et d’affrontement » réagit à cette situation.
« Dès le congrès d’avril où j’ai été élue, nous avions mis l’accent sur deux priorités : l’emploi et le pouvoir d’achat, et nous avons demandé au gouvernement d’alléger la fiscalité sur les entreprises et les classes moyennes. »

L’intérêt des salariés et des entreprises au même niveau

CFE-CGC n’est pas dans une logique de blocage ni de contestation permanente, mais au contraire d’anticipation et d’innovation sociale, « nos deux marqueurs », souligne Carole Couvert. Le syndicat veille d’ailleurs à « toujours mettre l’intérêt des salariés et celui des entreprises au même niveau ». Mais Carole Couvert avait néanmoins alerté le gouvernement dès le printemps sur les risques de mouvements spontanés, évoquant le mouvement des indignés.

Première femme à diriger le syndicat qu’elle a rejoint en 2000, élue présidente à 40 ans, elle s’est fixé deux orientations majeures, valoriser le capital humain et réconcilier syndicalisme et entreprise grâce au dialogue social ; et un objectif, « faire passer notre organisation de l’ombre à la lumière, même si nos propositions sont moins spectaculaires pour les médias que les blocages. »

Interpeller les candidats avant les municipales

Revenue à la charge avant la grande conférence sociale de juin, elle a ensuite organisé en septembre une conférence de presse dédiée au sujet du pouvoir d’achat des classes moyennes, sur le thème du « burn-out fiscal ». « Pas assez riches pour pouvoir s’évader fiscalement et pas assez pauvres pour bénéficier de la solidarité nationale, les classes moyennes ont subi de plein fouet la défiscalisation des heures supplémentaires, le passage de 8 % à 20 % du forfait social sur l’intéressement et la participation, ou encore la baisse du quotient familial. »

Apolitique, CFE CGC entend bien interpeller les candidats avant les municipales pour les faire réagir à ses propositions.


Une cotisation sociale sur la consommation

A commencer par une cotisation sociale sur la consommation, reposant sur la baisse des cotisations patronales maladie et la suppression des cotisations salariales et le transfert de ces charges vers une cotisation sociale sur la consommation via une augmentation de 2% de la TVA (sauf TVA à taux réduit), dont les recettes seraient gérées de manière séparée par l’URSSAF et affectées au financement de l’Assurance maladie. Résultat annoncé par la CFE-CGC : 3,6 Mds€ supplémentaires pour les entreprises et 3,9 Mds€ pour les salariés, qui viendraient compenser la hausse de la TVA. Cela favoriserait en outre la compétitivité des produits français par rapport aux importations… « Cette proposition avait été écartée par le gouvernement précédent au motif qu’elle nécessiterait une réforme fiscale. Puisque cette réforme est engagée par le gouvernement actuel, nous la ressortons », explique Carole Couvert.

Un serpent fiscal et social européen

Autres propositions phares de la CFE CGC : l’élargissement des grilles de classification et de rémunération des entreprises qui se sont tassées depuis une dizaine d’années au détriment des agents de maîtrise et des cadres, et des négociations annuelles de salaires obligatoires pour l’ensemble des salariés.
Carole Couvert prône aussi une action à l’échelle européenne, avec l’instauration d’un « serpent fiscal et social européen » sur le principe du serpent monétaire.
« Un projet de moyen/long terme, reconnaît-elle, qui éviterait les pratiques de dumping social au sein même de l’Europe. » Et qui a semblé séduire François Hollande lorsqu’elle le lui a présenté…

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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