Jean-Michel Pasquier – Koeo.net
Au travers de la plateforme www.koeo.net et de son blog www.koeo-blog.net, Jean-Michel Pasquier et son équipe favorisent de façon opérationnelle la mise en place de missions de mécénat de compétences.
Au travers de la plateforme www.koeo.net et de son blog www.koeo-blog.net, Jean-Michel Pasquier et son équipe favorisent de façon opérationnelle la mise en place de missions de mécénat de compétences.
Koeo.net est la première plateforme dédiée au mécénat de compétences ? Comment est née cette idée ?
Elle est née d’un triple constat auquel on a voulu apporter une réponse commune : des collaborateurs d’entreprises qui veulent trouver du sens dans leur parcours professionnel, des entreprises qui doivent désormais apporter des réponses concrètes à leur RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise), et enfin des associations qui ont besoin de bénéficier de ressources alternatives face à des subventions publiques en baisse constante, tout en professionnalisant leurs méthodes. Nous nous sommes alors dit que créer “une porte d’entrée” pour favoriser de façon très opérationnelle la mise en place de programmes et de missions de mécénat de compétences avec ces 3 acteurs était pertinent pour apporter une réponse pragmatique à ce triple enjeu, au travers d’un dispositif encore trop méconnu en France.
En quoi consiste le mécénat de compétences ?
C’est tout simplement une entreprise qui propose à ses collaborateurs de dédier chaque année quelques jours de travail à des structures d’intérêt général, journées pendant lesquelles les salariés volontaires vont pouvoir leur offrir gracieusement leurs compétences professionnelles ou personnelles (ex : aider à bâtir le plan de communication d’une association, mettre en place sa comptabilité analytique, ou faire du soutien scolaire, nettoyer les berges d’une rivière, …). Le salarié missionné reste bien évidemment rémunéré normalement par l’entreprise, et cette dernière bénéficie d’une incitation fiscale avantageuse (60% des salaires chargés déductibles de son IS, à hauteur de 0,5% de son chiffre d’affaires annuel HT).
Au delà de sa vertu principale de solidarité, nous insistons beaucoup sur les bénéfices du mécénat de compétences en terme RH : il est une réponse adaptée à la gestion des senior (aménager la transition fin de carrière/début de retraite), à la sous-employabilité ponctuelle (intercontrats, éviter éventuellement un chômage partiel), à l’attractivité des entreprises dans leur phase de recrutement (notamment par rapport aux nouvelles générations).
Comment fonctionne la plateforme Koeo.net, et quels dispositifs sont mis en place pour mettre en relation associations et entreprises ?
Nous avons aujourd’hui environ 3 000 associations partenaires reconnues d’intérêt général, réparties sur l’ensemble du territoire, et représentant toutes les thématiques du champ associatif. Chacune d’entre elle a la possibilité de mettre en ligne à tout moment une demande de mission qui sera consultable grâce à un moteur de recherche multicritère par les entreprises partenaires; de la même façon, celles-ci peuvent mettre en ligne leurs offres de compétences : on fonctionne donc dans une démarche push/pull pour favoriser l’adéquation et la “rencontre”.
En parallèle, notre expertise permet d’accompagner les entreprises à mettre en place les programmes de mécénat de compétences en interne, en construisant avec elles le plan de déploiement, les outils de communication interne, les évènements et les points d’étapes qui vont participer à la valorisation de cette dynamique solidaire, notamment en terme RH. Notre V2, lancée à l’automne prochain, intégrera un véritable “tableau de bord” pour offrir un outil de gestion global.
Enfin, nous mettons en place des “journées de solidarité” (Community Day) pour mobiliser des équipes de collaborateurs sur un projet précis et les sensibiliser à l’action solidaire, des “speed-dating” où des associations locales rencontrent des salariés d’entreprises pour initier des missions, et des journées “challenge experts & solidaires”, pendant lesquels des collaborateurs vont réfléchir au travers d’ateliers créatifs à des solutions pour répondre à des problématiques exposées par des responsable associatifs locaux.
Pouvez-vous nous parler des projets réalisés par vos partenaires ? Est-il difficile de diffuser cette pratique ?
La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus d’entreprises de petite taille (pour certaines, c’est une dizaine de collaborateurs) s’investissent avec leurs salariés dans cette pratique; sachant que 96% des entreprises sont des PME/TPE en France, c’est un gisement potentiel formidable. D’ailleurs, si chaque salarié français donnait une seule journée par an au monde associatif, cela représenterait 452 siècles de temps-homme par an au profit de l’intérêt général !
Concernant les projets, on trouve parmi les demandes et les missions déployées environ 25% dédiées à des besoins en communication et marketing,
25% en gestion/comptabilité, 25% en informatique/web et un dernier quart représentant un mix de différentes compétences professionnelles ou personnelles.
Et pour les entreprises qui se posent encore la question “d’y aller ou pas”, il faut qu’elles sachent que ce sont elles, avec nous, qui fixent les règles en amont : il faut commencer modestement, 1 ou 2 journées par an selon le type d’activité de l’entreprise, et puis regarder ensuite quel est le taux d’adhésion des salariés, pour l’étendre doucement année après année à des missions de plus longue durée. Encore une fois, chaque entreprise est différente, et peut construire son programme en interne selon ses spécificités, sa taille, sa culture, son histoire. C’est un outil de solidarité et de création de lien social souple et flexible. Mais dans tous les cas, la construction du cahier des charges préparatoire est prépondérante, car un tel programme doit s’inscrire avant tout dans la durée : il faut donc en définir le périmètre avec soin.
En tant que membre du réseau Entrepreneurs d’avenir, quelles sont vos attentes et comment comptez-vous vous y investir ?
A l’heure où l’on parle de refondre le capitalisme et de rendre les modes de gouvernance plus humains et moins pyramidaux, il est important avec le réseau de montrer des initiatives émergentes qui peuvent être autant de pistes de réflexion et de modèles pour changer peu à peu la donne. Une des clés pour moi, c’est décloisonner, c’est-à-dire oser faire un melting-pot de bonnes pratiques, qu’elle viennent du monde associatif, du monde de l’entreprise, du secteur culturel, artistique, intellectuel, bref, ne pas avoir peur de s’ouvrir à des univers différents. Personne n’a LA solution, nous avons tous des micro-solutions, et c’est comme cela qu’on fera évoluer les mentalités, de façon pragmatique, sans angélisme, c’est-à-dire à condition que tout le monde y trouve son compte.
En tant que membre, c’est cela que je veux et peux mettre à disposition du réseau, mon micro-point de vue :), et surtout des solutions pratiques transposables et duplicables !