Bilan du Parlement des Entrepreneurs d’avenir
En ouvrant officiellement le 2ème Parlement des Entrepreneurs d’avenir jeudi 12 mai, Claude Tendil, PDG de Generali, plante d’emblée le décor : « Nous vivons dans un champ d’incertitudes, durablement installé ». Un constat partagé par tous les intervenants, Nicolas Hulot en tête, qui évoque « un rendez-vous critique, un point d’étape crucial dans l’histoire de l’humanité ». C’est donc bien sur fond de crise, mais animés par la volonté commune de « réinventer l’entreprise pour un avenir souhaitable » que plus de 1000 entrepreneurs se sont retrouvés, pour deux jours, sur les bancs de l’Ecole Audencia à Nantes.
Aujourd’hui, explique en introduction le philosophe Patrick Viveret, nous arrivons à la fin d’un cycle : celui du salut par une économie détachée de tout questionnement éthique. Constat d’échec, qui nous invite à revisiter des concepts dévoyés comme ceux d’utilité économique ou de bénéfice. Car l’économie est bien une science morale, qui doit remettre au centre la question de l’homme et celle du vivre-ensemble. Il en va de la survie même de notre humanité.
Colossal défi donc, et vibrante invitation à l’audace et la créativité au cœur même de l’entreprise.
Comment évaluer et mesurer autrement la richesse des entreprises ? Comment engager les investisseurs dans des choix responsables et durables ? Comment promouvoir l’entreprenariat au féminin ? Comment utiliser la commande publique pour accompagner le progrès social et environnemental ? Comment mener une politique d’achats vraiment responsable ? Comment initier et mettre en œuvre une démarche RSE au sein de son entreprise ? Comment permettre à tous les salariés de participer à la co-construction de la performance globale de l’entreprise ? Comment grandir sans se renier ? Comment passer d’un modèle compétitif à un modèle collaboratif ? Comment enfin favoriser le développement des entreprises d’avenir ?
Autant de questions, autant de commissions, qui ont réuni sous forme d’ateliers-débats entrepreneurs d’avenir, représentants des pouvoirs publics, acteurs sociaux et grand public.
Foisonnement d’idées et d’échanges, véritable utopie en marche, mais toujours les deux pieds sur terre, car, et c’est là ce qui fait la force d’un tel mouvement, les entrepreneurs sont résolument ancrés dans la réalité sociale et économique.
Des propositions concrètes donc, et quelques convictions partagées par tous :
– L’entreprise est un lieu privilégié pour expérimenter de nouveaux modes de vivre-ensemble.
– La performance économique et la cohésion sociale sont indissociables.
– L’entreprise est plus que jamais ancrée dans la société et sur les territoires.
– La RSE est un véritable levier d’innovation et de performance globale.
– L’avenir est dans le déploiement du collectif : au sein de l’entreprise, entre les entreprises, sur les territoires, avec les pouvoirs publics.
– La responsabilité individuelle et collective se comprend dans la durée.
Prochaines étapes : mise en forme et restitution des débats. Lancement des travaux et programmes pour l’année à venir. Et à l’horizon des élections présidentielles de 2012, rédaction d’un Livre Blanc destiné aux politiques, synthétisant toutes les propositions du réseau Entrepreneurs d’avenir pour promouvoir la performance globale de l’entreprise.
Enfin, pour aller (encore) plus loin… : en octobre 2011 démarreront les travaux de l’ « Institut des futurs souhaitables », qui se définit comme un « Think and do tank » au service de la réinvention du futur.
Le mot de la fin sera pour Jean-Louis Etienne, qui a salué le dynamisme et l’audace des « explorateurs d’avenir » tout en les appelant à la persévérance.
Gageons qu’il sera entendu et que d’ici 2013, date du prochain Parlement, le réseau Entrepreneurs d’avenir poursuivra sa croissance exponentielle au service d’une économie plus durable et humaine.
Anne Cormier, Citizen Info