Je suis…une femme qui a mis en œuvre mon désir profond : prendre soin des plus démunis. Je m’appelle Marie-Noëlle Besançon, je suis psychiatre. Quand j’ai commencé à exercer mon métier, je n’ai pas supporté de voir les femmes et les hommes souffrir autant à l’intérieur des hôpitaux psychiatriques. J’ai eu le sentiment que les soins procurés ne faisaient pas de bien et persistaient à enfermer les patients dans un entre-soi et un mal-être profond. J’ai eu envie de considérer ces personnes, de leur donner une place dans la société. Mon intuition a été de les aider en leur donnant de l’amour. J’ai fondé en 1990, Les Invités au Festin, des lieux de vie fraternels où l’on vit ensemble, où l’on soigne par amour de l’autre. J’ai pensé le lieu que j’avais imaginé avec mon cœur. Un toit à durée indéterminé, sous lequel on vit ensemble dans une alliance fraternelle et dans le respect des personnalités de chacun. Un engagement au quotidien. Au fur et à mesure des années, mon mari et moi et l’incroyable équipe de bénévoles qui nous entouraient, nous avons observé des résultats exceptionnels sur ces personnes fragilisées par la vie : diminution des doses médicamenteuses, autonomie retrouvée, épanouissement intérieur. Un ami psychiatre m’a dit un jour que nous faisions de la « psychiatrie citoyenne » : nous vivons au quotidien les valeurs citoyennes de fraternité, liberté, égalité et solidarité. On soigne la vie du bon côté. Les Invités au Festin, créent un pont entre la psychiatrie et la société et donnent une place à ces personnes trop souvent stigmatisées et isolées. Nous les aidons à mettre en lumière leurs dons exceptionnels : grande sensibilité, ouverture d’esprit, altruisme. Aujourd’hui, nous faisons tout pour pérenniser notre œuvre. Le réseau Les Invités au Festin a considérablement grandi avec les années et s’est étendu dans toute la France et à l’étranger. Nous avons actuellement plus de 2000 bénéficiaires, 400 bénévoles, une centaine de salariés, une centaine de structures réalisées : appartements, lieux de vie, accueils de jour … Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Encore 15 000 personnes sont coincées et ne sortent jamais ou presque des services psychiatriques en France. Le nombre des personnes touchées ne cesse d’augmenter. Alors on continue à construire ! Je suis habitée par l’humanisme, j’ai de la chance. Et je n’aurais rien fait sans l’énergie de mon mari, Jean Besançon, et sa précieuse expérience dans le monde de l’entreprise. Notre engagement social donne sens à notre vie. Selon moi, le réseau Entrepreneurs d’avenir permet de témoigner d’une réalité : le monde de l’entreprise n’est pas uniquement centré sur le matérialisme et la rentabilité financière. Le travail, c’est aussi penser ses rêves, aller au bout de ses possibilités. Prendre soin de nous et de notre monde.