Darwin, pari réussi d’hybridation urbaine à Bordeaux

En lançant Darwin, en 2008 à Bordeaux, Philippe Barre caressait le rêve de réconcilier économie et écologie. Pari réussi, pour ce lieu hybride qui accueille de nombreuses activités autour de la nouvelle économie tout en étant devenu un lieu très en vogue dans la capitale de l’Aquitaine.



Quand il s’est promis d’attirer des entrepreneurs sur une zone en friche de Bordeaux, rares sont ceux qui auraient parié sur son succès. Et pourtant, aujourd’hui, Darwin, « expérience d’hybridation urbaine », est une réussite.

En 2005, Philippe Barre, directeur d’une agence de communication responsable à Bordeaux, a investi tout son héritage, soit 1,8 million d’euros, dans la réhabilitation d’une ancienne caserne militaire à la Bastide, un quartier en pleine rénovation urbaine sur la rive droite de la Garonne. Il a sollicité le soutien de partenaires privés, comme le Crédit agricole, à hauteur de 20 millions d’euros, mais 5 % seulement proviennent d’aides publiques.

Au fil des années, Darwin s’est imposé comme un symbole de l’entrepreneuriat bordelais à la mode du 21e siècle, avec espaces de coworking, commerces et fab labs, « dans lesquels de jeunes entrepreneurs viennent bidouiller, un peu à la mode garage design IT. » Sur les 5500 m2 aménagés du site, se sont installées 190 entreprises, totalisant 500 emplois, dont 300 nouveaux, et qui génèrent 70 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Le lieu héberge aussi une pépinière consacrée aux métiers du développement durable ainsi que deux fonds d’investissement. « Darwin, c’est l’adaptation permanente des espèces, alors on fuit les zones de confort ! Régulièrement on secoue le shaker, en remettant en mouvement le fonctionnement du site, explique Philippe Barre. Nous voulons prouvons que la société civile peut s’engager sans attendre le soutien des États, et qu’il est possible d’aborder le développement urbain d’une autre manière, avec une conscience écologique, sociale et culturelle. »


La convivialité d’abord


La condition pour entrer dans l’écosystème ? Apprendre à collaborer et s’engager à limiter son impact environnemental. « Dans Darwin, un entreprise émet cinq fois moins de gaz à effet de serre qu’un salarié du tertiaire ailleurs. Notre électricité est fournie par Enercoop et 80 % de nos déchets sont recyclés. »

Mais il n’y a pas que des entreprises : Darwin compte aussi une trentaine d’associations, qui représentent 5000 adhérents, dans des domaines artistiques, citoyens, éducatifs, culturels, sportifs, pédagogiques… Autre nouveauté depuis fin 2015 : une quinzaine de logements d’urgence, gérée avec Emmaüs et le Centre communal d’action social de Bordeaux, une capacité d’accueil qui devrait doubler rapidement.

Enfin, Darwin, c’est aussi un lieu de convivialité, une destination pour prendre un verre, suivre un débat, assister à un concert, ou acheter des produits de l’épicerie bio. « Nous avons accueilli plus de 500 000 visiteurs en 2015, se félicite-t-il, et chaque mois, le restaurant bio, le plus grand de France, sert plus de 15 000 repas. »

Pas question de s’arrêter en si bon chemin. La prochaine étape de Darwin, ce sont les « magasins généreux », un projet qui porte une vision « plus inclusive » de la ville, et qui consiste à aménager en logements et zone d’activité les magasins généraux de l’ancienne caserne Niel. Et les idées fusent pour transformer cette nouvelle surface de 10 800 m2 : « un nouvel espace de coworking, des fab labs, des lieux dédiés à la musique, une auberge de jeunesse, une école de la seconde chance, un campus d’une dizaine d’écoles post-bac autour des thématiques du numérique, de l’art et du marketing, qui pourrait dès 2018 accueillir 1500 étudiants, et pourquoi pas des caves d’affinage de fromage ? »

Texte Pascal de Rauglaudre

 

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