« L’Ademe est le fer de lance de la transition énergétique »

La loi sur la transition énergétique, promulguée en août dernier, va permettre de mobiliser les territoires sur le déploiement des énergies renouvelables, explique Bruno Lechevin, président de l’ADEME.


Entrepreneurs d’avenir – Suffit-il d’une loi pour que la transition énergétique devienne réalité ?

Bruno Lechevin – Une loi n’a jamais changé à elle seule la société, mais elle appuie et accélère les évolutions, en favorisant les meilleures pratiques, et en posant quelques interdits pour proscrire les pires. Elle fixe aussi des caps, des moyens et des termes longs. Le grand plan de mobilisation qui l’accompagne, au travers de nombreux appels à projets à destination des collectivités et des entreprises pour leur apporter un soutien financier et technique, a vocation de permettre le déploiement de la transition énergétique et la mobilisation de tous les territoires.

Comment la loi sur la transition énergétique prévoit-elle d’accroître la part des énergies renouvelables ?

Atteindre le facteur 4 en 2050 en termes d’émissions de gaz à effet de serre repose sur un déploiement massif des énergies renouvelables et la division par deux de notre consommation énergétique. Ces objectifs sont d’ailleurs ceux qu’avait portés l’ADEME dans ses scénarios prospectifs 2030-2050. Pour parvenir à une part des énergies renouvelables de 32 % dès 2030, la loi limite la puissance nucléaire totale et met en place de nouveaux mécanismes de tarification des énergies renouvelables, elle favorise le financement participatif et simplifie les procédures d’installation…


Quels acteurs seront chargés de la mettre en application ?

Tous sont partie prenante de la mise en application de la loi : l’État, qui se dote de nouveaux outils de pilotage et s’engage aux côtés des régions à travers un volet transition énergétique ambitieux dans les contrats de plan État-régions. Les collectivités territoriales, qui portent et animent des projets locaux avec les habitants. Les entreprises, celles impliquées dans les EnR, le bâtiment, les transports mais aussi toutes celles concernées par l’efficacité énergétique et l’économie circulaire. Et bien sûr, le citoyen-consommateur, dans ses choix d’investissement (rénovation des logements notamment) et de consommation (lutte contre le gaspillage alimentaire, prévention des déchets et augmentation du recyclage…).

Quel rôle et quels moyens aura l’ADEME dans la mise en œuvre de cette politique ?

En tant que précurseur, facilitateur, financeur et expert, l’ADEME est le fer de lance de la transition énergétique. Avec un budget préservé (quelque 590 millions d’euros), ainsi que les soutiens apportés par le Fonds Spécial pour la Transition Energétique, tout nouvellement créé, et la prolongation du programme d’investissements d’avenir qui représente à lui seul plus de trois milliards d’euros dont la gestion est confiée à l’ADEME, les moyens sont là pour soutenir les porteurs de projet. Et, au-delà des budgets, on peut également compter sur la forte motivation et l’implication quotidienne des quelque mille salariés de l’Agence pour faire avancer la transition énergétique !

Plus généralement, quel sera le coût global de la transition énergétique ?

Si la transition énergétique a un coût (environ 25 milliards par an), celui-ci n’est qu’à peine supérieur à celui de la non-transition énergétique qui par la consommation à laquelle elle conduit nécessite également de lourds investissements dans la production. Cet apparent surcoût de la transition (environ 5 milliards par an) doit de plus être considéré au regard des bénéfices induits. À titre d’illustration, rénover 500 000 logements par an à partir de 2017, objectif fixé par la loi, devrait permettre la création de 75 000 emplois, surtout locaux et éviter, grâce aux économies d’énergie, d’aggraver notre déficit commercial en important du pétrole. À cela s’ajoutent également les bénéfices liés aux dommages évités : selon l’OCDE, le coût annuel des dommages causés par l’inaction se situerait à 5,5 % du PIB mondial en 2050 !

Bruno Lechevin interviendra lors du Parlement des Entrepreneurs d’avenir le samedi 5 décembre 2015 à l’Unesco.

ADEME



Texte Pascal de Rauglaudre
Photo Roland Bourguet

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