Samaro, chimiste responsable

Samaro, PME spécialisée dans la production de substances chimiques, a fait le pari de la chimie durable et responsable, avec succès.


Quand il a repris l’entreprise Samaro en 2010, Erwan Ménard s’est heurté à une problématique de taille : cette PME de l’agglomération lyonnaise, fondée en 1976, qui conçoit et distribue des solutions de lubrification, de collage, d’étanchéité et de protection pour l’industrie, réalisait certes un bon chiffre d’affaires. Mais ses produits étaient classés CMR, c’est-à-dire Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques, des substances chimiques interdites par la directive européenne REACH. De plus, la société subissait un turnover de plus de 20 %, et souffrait de nombreux problèmes d’organisation.

Soucieux d’éviter de mettre en danger ses opérateurs et ceux de ses clients, il n’a pas voulu continuer dans cette voie : « J’ai estimé que les produits CMR représentaient une prise de risque pour les salariés et les clients, trop importante pour le profit à court terme », explique-t-il. Il a donc développé de nouvelles gammes de colle sans solvants chimiques traditionnels, sous la marque « Protéger et allonger la durée de vie », celle des composants, des équipements et des hommes. Une façon de se positionner comme un acteur stratégique de la chimie durable et responsable.

« Avec des produits classés CMR 2 ou 3, dont les fiches de sécurité alignent les têtes de mort, on peut réaliser de belles marges, et prendre facilement des marchés en tirant les prix vers le bas. Mais durablement, est-ce que j’y crois vraiment ? Non ! », soutient-il. Il a commencé par remplacer les substances CMR par d’autres biosourcées, provenant de l’agriculture, avec un impact sur l’environnement moindre, tout en conservant de bonnes performances. « Il faut rester vigilant, car les terres arables doivent d’abord servir à nourrir les hommes plutôt qu’à fabriquer des produits. De plus, le biosourcé, quand il coûte 5 à 6 fois plus cher, n’est pas économiquement viable : il faut trouver un équilibre. » Voies navigables de France, par exemple, lui a commandé des lubrifiants bio pour ses écluses, mais qui se dissolvent dans l’eau beaucoup plus vite que les autres : « Il faut donc un compromis entre des produits biosourcés et d’autres qui tiennent durablement tout en ne risquant pas d’infecter le milieu aquatique. C’est notre challenge de tous les jours ! »

Reste que ces investissements pèsent sur l’évolution du chiffre d’affaires de Samaro. Plus globalement, le coût de REACH est énorme pour les industriels, les fournisseurs et les clients, qui doivent réaliser des efforts financiers considérables : « Nous avons dû revoir toute la conception de certains produits, en requalifiant les cahiers des charges, pour qu’ils soient moins nocifs, poursuit Erwan Ménard. Il faut y ajouter les coûts de certification. C’est un vrai investissement pour les PME, mais il n’y a pas d’autre solution pour réduire l’impact de la chimie sur les hommes et l’environnement. »

La démarche de Samaro comble le besoin de sens des salariés, qui sont parties prenantes des projets de l’entreprise. « L’équipe constitue une grosse part de la valeur ajoutée de l’entreprise, et je veille à ce que nous partagions les mêmes valeurs. »

« Quand on fait évoluer nos stratégies, il vaut mieux ne pas être isolé, confie Erwan Menard. C’est en cela que des réseaux comme Entrepreneurs d’avenir sont importants : grâce aux échanges qu’ils permettent, ils aident à être toujours en phase, à innover dans l’entreprise en termes de RSE et de management, à réfléchir sur les motivations de l’équipe et sur ce que l’on veut construire avec elle pour aller de l’avant. » En tout état de cause, la stratégie d’Erwan Ménard est payante : dans un environnement industriel compliqué, Samaro est en forte croissance, elle innove et pousse ses fournisseurs à innover.

SAMARO

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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