Utopies importe B Corporation en France

Fondatrice de Utopies et Graines de Changement, les premières entreprises françaises certifiées B Corporation, Elisabeth Laville veut entraîner avec elle une communauté d’entrepreneurs partageant les mêmes valeurs.

Fondatrice de Utopies et Graines de Changement, les premières entreprises françaises certifiées

B Corporation, Elisabeth Laville veut entraîner avec elle une communauté d’entrepreneurs partageant les mêmes valeurs.

A l’occasion des 20 ans du cabinet de conseil en développement durable Utopies et des 10 ans de l’agence d’information Graines de Changement, leur fondatrice Elisabeth Laville a souhaité « faire quelque chose de symbolique et fort, expliquant pourquoi on existe et pourquoi on est encore là ». Le projet B Corporation s’est alors imposé comme un moyen idéal de marquer ce moment charnière et de clarifier la nature des deux structures.

Créée aux Etats-Unis en 2006 par l’ONG B Lab, B (Benefit) Corporation est une certification qui porte sur la performance sociale, environnementale et sociétale mais aussi sur l’engagement de transparence et de responsabilité des entreprises. Leur leitmotiv : exploiter le pouvoir du business pour résoudre des problèmes environnementaux et sociaux.

Les 980 entreprises déjà certifiées dans 32 pays ont été passées au crible d’un questionnaire de 200 questions, assorti de la production de pièces justificatives.
Toutes sont engagées autour d’un même but : redéfinir le rôle de l’entreprise, pour en faire une force de changement positif dans la société.

Un déficit de statut pour les démarches hybrides

« Nous avions besoin de préciser le statut de Utopies et Graines de Changement, des entreprises poursuivant des objectifs non lucratifs, pour lesquelles l’activité économique est un moyen plus qu’une fin », précise Elisabeth Laville. Cette approche hybride, qui se caractérise non seulement par des efforts pour minimiser les impacts négatifs mais également par la poursuite d’un impact positif, mobilise le pouvoir de l’argent et la créativité humaine au service d’une mission d’intérêt général…

Mais elle n’entre pas dans les cases qui existent aujourd’hui. Après avoir été créée sous une forme associative, Utopies est devenue une entreprise. Quant à Graines de Changement, bien que certaines de ses activités soient similaires à celles que mènent les associations, son statut d’entreprise la prive de tout avantage réservé aux structures qui agissent dans l’intérêt général : exemption fiscale, subventions versées par des fondations, etc. Elle lui permet en revanche de monter des projets plutôt que des dossiers pour obtenir des subventions…

Servir d’autres intérêts que ceux des seuls actionnaires

Aux Etats-Unis, B Corporation évolue actuellement en une réglementation qui permet aux entreprises responsables de bénéficier d’un statut légal spécifique, les autorisant formellement à servir d’autres intérêts que ceux de leurs seuls actionnaires. Cette loi a déjà été votée dans une vingtaine d’Etats.

Cela permet notamment aux entreprises concernées d’assurer la pérennité de leurs engagements par delà la présence de leurs fondateurs.
Un statut similaire existe au Royaume-Uni, et en France, des réflexions sont en cours au sein du Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux).
Mais, en l’absence de statut ad-hoc, les dirigeants européens doivent recourir à des ruses pour s’assurer que l’entreprise qu’ils ont créée continuera de se développer selon les principes qu’ils ont instaurés et qui leur tiennent à cœur, comme l’a fait le fondateur du géant suisse de la distribution Migros.

Animer une communauté, pas faire du business

« Au-delà de la certification, ce qui m’intéresse, c’est d’animer une communauté d’entreprises qui partagent les mêmes valeurs », affirme Elisabeth Laville.
« La « communauté B Corporation », qui se rapproche de la démarche d’autoévaluation « performance globale » du CJD (Centre des jeunes dirigeants) par sa dimension entrepreunariale et dynamique, se nourrit de l’expérience et de la culture de pionniers internationaux tels que Patagonia, Ben & Jerry’s ou Body Shop, précise Elisabeth Laville.
En revanche, elle n’a pas grand chose à voir avec la conformité à un standard complexe et peu lisible comme LUCIE ou ISO 26000, »
« Ce qui m’intéresse, en France, c’est d’entraîner des Nature et Découverte, des Camif, des Veja… s’enthousiasme-t-elle. Mais surtout pas d’en faire un business », s’empresse-t-elle d’ajouter…

Aujourd’hui semblable pour toutes les entreprises quels que soient leur pays d’origine et leur secteur d’activité, le questionnaire pourrait être adapté pour tenir compte de la réalité de chaque environnement, notamment en matière de droit social.

B CORPORATION

Dominique Pialot & Pascal de Rauglaudre

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