Merci Raymond sème la nature en ville
Embellir le cadre de vie, rafraîchir l’atmosphère et nourrir les habitants : Merci Raymond, une startup spécialisée dans la scénographie végétale et l’agriculture urbaine, ne voit que des avantages à reverdir la ville.
Le confinement aura eu au moins une vertu : les citadins claquemurés chez eux ont assisté depuis leur balcon au réveil des arbres et des fleurs de printemps. Et pris conscience a fortiori de leur déconnexion du monde naturel. Certains sont tentés de fuir vers les grands espaces. Mais d’autres explorent une autre voie : remettre la nature au cœur des villes.
C’est celle qu’a choisi Merci Raymond, une startup fondée en 2015 par Hugo Meunier, Antoine Baume et Guillaume Hadjigeorgiori. « Végétaliser est une vraie mission d’intérêt général, qui produit des bénéfices pour tout le monde », s’enthousiasme Hugo Meunier, jeune entrepreneur issu du Tarn-et-Garonne, qui a durement ressenti le manque de verdure quand il s’est installé à Paris. « Avec mes associés, nous avons fédéré des talents spécialistes de la ville, architectes, artistes, urbanistes, jardiniers, agronomes, pour prendre part à la révolution verte qui s’annonce. »
Circuits ultra-courts
Au début de l’année, la startup a remporté l’appel à projets Parisculteurs avec les brasseurs de Fauve Craft Bière pour produire La Petite Charonne, une bière entièrement fabriquée dans le 11e arrondissement de Paris. Au printemps, Merci Raymond a donc planté du houblon, une plante grimpante, le long d’un système de câbles verticaux fixés sur les murs extérieurs d’un centre sportif. Production attendue dès ce mois-ci : 500 litres de bière.
En 2017 déjà, la startup avait aménagé sur le toit de l’immeuble de ses bureaux un potager qui produit jusqu’à 1 200 kg de légumes, fruits et herbes aromatiques. Pour raccourcir encore les circuits de consommation, la production devait fournir dès cette année Le Relais, un restaurant installé au rez-de-chaussée – projet retardé pour cause d’épidémie.
« Notre concept de ‘bâtiment fertile’ va plus loin que la consommation en circuit court », explique Hugo Meunier. « C’est un circuit ultra-court, ‘de la graine à l’assiette’, qui favorise le ‘bien manger’ tout en réduisant l’empreinte carbone des plats de la carte du restaurant, avec des produits de saison et de qualité, les plus proches possibles du lieu de consommation. »
Un parcours d'”agrothérapie”
Merci Raymond a une autre corde à son arc : la scénographie végétale, qui consiste à végétaliser des espaces publics de façon temporaire ou permanente, terrasses, hôtels, restaurants, espaces de coworking, comme l’incubateur Station F.
La jeune pousse vient de remporter un gros chantier dans le cadre de la deuxième vague de l’appel à projets Réinventer Paris : elle va imaginer un parcours d’agrothérapie, une méthode de soins qui traite les personnes qui souffrent de troubles psychiques et psychologiques avec des plantes, dans la Cité universelle consacrée au handicap, qui sera construite près de la Porte de Pantin. Son ouverture coïncidera avec les Jeux Olympiques de 2024. « Sur le toit, nous installerons aussi un potager avec des aromates, des fleurs comestibles et des plantes médicinales pour le bar et l’hôtel de la Cité. »
Autre engagement cher au cœur de Hugo Meunier : la pédagogie de l’agriculture urbaine. Merci Raymond a participé à la création d’un potager partagé en permaculture à la Grande borne, un quartier populaire de Grigny, dans l’Essonne. « Avec les habitants et les enfants des écoles, nous avons semé en pleine terre et récolté des tomates, des potirons et des aubergines. Et nous allons continuer : d’ici trois à cinq ans, nous voulons créer plusieurs microfermes urbaines avec les emplois qui les accompagnent. »
Elle crée du lien social, réduit l’empreinte carbone, augmente le bien-être au travail, assainit l’air, rafraîchit l’atmosphère en période de canicule, embellit le cadre de vie et nourrit les citadins : la nature en ville n’a décidément que des vertus !
Comment reverdir la ville selon Merci Raymond
Pascal de Rauglaudre